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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 07:08

J'inaugure par ce billet une nouvelle rubrique dans laquelle je ferais un retour de mes dernières lectures.

Pour une anthropologie de l'entrepriseJe commence par « Pour une anthropologie de l'entreprise » qui aborde la préservation de la cohésion sociale dans l'entreprise lors de changements : fusions, restructurations, diversifications… grâce à l’anthropologie qui est la branche des sciences qui étudie les êtres humains sous tous leurs aspects, à la fois physiques (anatomie, physiologie, pathologie, évolution) et culturels (sociaux, psychologiques, géographiques, etc.).

« Pour une anthropologie de l'entreprise » est divisé en deux parties égales :

  • Une partie théorique qui décrit les fondements de l’anthropologie entrepreneuriale
  • Une partie pratique qui présente des exemples de cas concrets d’utilisation de l'anthropologie entrepreneuriale dans différents contextes issus des travaux des 2 auteurs

 

Dans la partie théorique, les auteurs défendent les thèses que

  • nos entreprises héritent de l’organisation symbolique de notre civilisation indo-européenne structurée en trois ordres égalitaires : clercs, guerriers et producteurs dont la cohésion sociale est le ciment de la stabilité et de la capacité à s’adapter aux évolutions naturelles ou brusques.
  • La cohésion sociale est soutenue :
    • par un système d’obligations et d’interdits d’origine inconsciente qui se matérialise par un mythe fondateur  (réel ou inventé)
    • par le profil typologique de l’organisation de l’entreprise qui indique comment l’entreprise se positionne sur son marché et vis-à-vis de ses concurrents
  • Les entreprises sont classées en 2 groupes :
    • celles qui ont une cohésion sociale forte et qui sont le plus à même de se développer durablement ou de se transformer : les entreprises savantes, les entreprises conquérantes, les sociétés entrepreneuriales et les clans autarciques
    • celles qui ont une cohésion sociale faible : Gang impérialiste, Système impérial, Dispersion sociale et Système totalitaire régressif
  • Une entreprise pour se développer durablement ou se transformer doit réunir
    • un mythe fondateur en adéquation avec ses vocations, marchés et objectifs
    • une représentation équilibrée des ordres clercs, guerriers, producteurs
    • une cohésion sociale forte
  • Tout changement brusque génère des freins réels (attentes matérielles et concrètes),  imaginaires (demandes psychosociales de reconnaissance, frustrations) et symboliques (besoin de légitimité et d'appartenance) : plus la cohésion sociale est forte moins les freins aux changements seront importants.

 

La partie pratique présente de nombreux cas très bien décrits et argumentés sur lesquels sont intervenus les auteurs comme la transformation de sociétés savantes en entreprises entrepreneuriales avec les exemples des haras nationaux, de la banque POPEC ou des Aéroports de Paris, la transformation de sociétés savantes en entreprises conquérantes avec l’exemple de DisneyResort Paris ou la restructuration de sociétés à faibles cohésions sociales avec l’exemple de Butagaz.

Mon avis sur « Pour une anthropologie de l'entreprise »

  • sur la forme :
    • La lecture n'est pas très aisée, n’étant pas familier de l’anthropologie j'ai eu beaucoup de mal avec le vocabulaire très académique, heureusement les nombreux cas pratiques présentés complètent la partie théorique et facilitent la compréhension.
  • sur le fond :
    • D’après les auteurs, ce livre s'adresse à tous ceux qui souhaitent penser et maîtriser les stratégies d’avenir de leur entreprise afin de réussir durablement les changements complexes que ces stratégies impliquent : je rajouterais que la lecture de ce livre est utile à tous ceux qui exercent des fonctions de management dans une structure complexe.
    • J’adhère aux théories défendues par les auteurs et beaucoup de nos entreprises, de petites ou grandes tailles, confrontées ou non à des changements, se porteraient beaucoup mieux si elles s’étaient penchées sur leur anthropologie.
    • Toutefois la mise en œuvre d’une étude anthropologique approfondie dans un grand groupe reste complexe à réaliser : pour être exhaustive l'étude anthropologique devra porter sur l’organisation générale de l’entreprise mais aussi sur l’organisation de chacune de ces entités, filiales, business unit, ... : et conduire un plan de transformation avec le soutien d’une étude anthropologique bâclée ou erronée causera beaucoup de dégâts !

 

A propos des auteurs : les auteurs, Marc Lebailly et Alain Simon, sont les fondateurs du cabinet de conseil en stratégie ACG dont les interventions s'appuient sur l’anthropologie entrepreneuriale. 

Pour conclure, voici quelques extraits qui ont retenu mon attention :

  • Page 5 « nos entreprises, nos sociétés sont très souvent confrontées à des blocages inexpliqués qui non seulement empêchent toute évolution souhaitable, mais qui, de plus, participent à une perte de cohésion sociale et à des séries de conséquences négatives pour les individus comme pour le collectif et l'économique ; qu'il faut une crise pour permettre la remise en question, que cette remise en question ne peut-être exclusivement organisationnelle, que les vraies transformations impliquent une dimension symbolique et qu'elles ne réussissent durablement  qu'à condition de respecter les personnes et les règles de mise en oeuvre »
  • Page 18 « Comme tout collectif humain, une entreprise se structure à partir d'une infrastructure symbolique qui fait consister sa cohésion sociale à laquelle le ressenti d'appartenance est essentiel. C'est la puissance de la cohésion sociale qui détermine sa capacité d'adaptation, d'intégration et, en fin d'analyse, de compétitivité économique. »
  • Page 23 « La cohésion sociale est une nécessité organique. C’est un élément de la programmation bio-culturelle de l’homme, pour lui permettre d’assumer son destin d’animal social.  Pour survivre, les humains sont dans l’obligation de toujours chercher à renforcer la cohésion sociale qui assurera la pérennité du collectif auquel ils appartiennent. En d’autres termes, la cohésion sociale n’est pas un aimable sentiment qui rend les hommes plus conviviaux : c’est l’impératif catégorique de notre espèce pour garantir son adaptation perpétuelle »
  • Page 24 « Une cohésion sociale forte est un facteur objectif de performance, capable de dégager des gains de productivité substantiels. En ce sens, on peut dire que l'entreprise a pour vocation de générer de la cohésion sociale pour assurer son développement. La cohésion sociale permet de surmonter les crises en les transformant en moment d'innovation. »
  • Page 79 « Le projet de changement constitue « l'instant de voir  » de cette nouvelle réalité culturelle et l'initiation du « temps pour comprendre » qui se poursuivra implicitement pour déboucher sur un « moment de conclure » indépendant de la réalisation du projet de changement. »
  • Page 140 « Une entreprise ne peut être une véritable entreprise avec un vrai corps social et une vraie appartenance à une vraie culture que lorsque les trois ordres sont représentés en son sein : guerriers, clercs, et producteurs. A tout le moins, il est indispensable que deux sur trois coexistent, faute de quoi aucune refondation n'est envisageable. »

 

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